Le littoral d'Occitanie : de multiples vulnérabilités aggravées par le changement climatique

Mis à jour le 10/10/2022

Le littoral, interface entre mer et terre est soumis à des dynamiques d’érosion (perte de matériel sableux ou rocheux) et d’accrétion qui résultent de plusieurs facteurs naturels et d’origine humaine. En Occitanie, plus de 25 % du linéaire de nos côtes sont concernées par l’érosion, qui se traduit par un recul du trait de côte.

L’érosion du littoral est principalement causée par des phénomènes naturels tels que les tempêtes, les courants marins ou les variations naturelles du niveau de la mer. Cependant, certaines activités humaines peuvent favoriser ou amplifier les dynamiques d’érosion, en voici quelques exemples :

  • Certains ouvrages comme les digues et les épis peuvent être efficaces pour lutter contre l’érosion dans la zone à protéger mais peuvent favoriser l’érosion en aval de la dérive littorale (courant marin parallèle à la côte).
  • Le tourisme balnéaire peut favoriser l’endommagement des dunes.
  • Les littoraux sont alimentés en sédiments via les cours d’eau, or les barrages peuvent piéger ces sédiments en amont et donc amplifier les phénomènes d’érosion sur la côte. Dans le golfe du Lion par exemple, il est attendu une diminution de 65% des apports sédimentaires par cette seule cause.

Le changement climatique en cause

Des groupes de travail comme le RECO (Réseau d’expertise sur les changements climatiques en Occitanie) ou Météo-France ont conclu dans leurs derniers travaux que le changement climatique devrait amplifier le phénomène d’érosion du littoral.

La hausse du niveau marin est majoritairement induite par la dilatation de l’eau due au réchauffement de celle-ci. Elle est également due à la fonte des glaciers.

Le marégraphe de Marseille a enregistré une hausse du niveau de la mer de 1,4 mm par an entre 1885 et 2009. Sur les 30 dernières années, cette augmentation s’élevait à 2,6 mm par an en moyenne, l’élévation du niveau marin est donc en accélération.

En fonction du scénario, une hausse allant de 37 à 90 cm est attendue sur l’ensemble du bassin méditerranéen à la fin du siècle par rapport à la fin du siècle dernier.

Selon un rapport du CEREMA paru début 2020, ce sont entre 5 000 et 47 300 logements d’ici 2100 qui pourraient être impactés par l’érosion littorale en France.

Le cas de la submersion marine

On parle de submersion marine lorsque la mer inonde les terres lors d’événements climatiques tels que des tempêtes marines. Ces événements, en fonction de leur récurrence et de leur intensité, peuvent favoriser le recul du trait de côte en « arrachant » du sable à la cote. Il s’agit d’un risque naturel majeur qui peut causer de nombreux dégâts sur les biens et menacer les personnes, et qui sera aggravé par la montée des eaux et l’érosion, exposant d’autant plus les côtes aux effets des tempêtes.

Quelles solutions ?

  • Afin de lutter contre l’érosion des côtes, les solutions de génie civil « dures » telles que les digues et les épis ont longtemps été privilégiées. Aujourd’hui elles sont peu à peu abandonnées en faveur de solutions « douces » telles que la restauration des cordons dunaires qui jouent un rôle protecteur sans pour autant « figer » le littoral, via l’apport de sédiments, la végétalisation ou bien encore les systèmes brise vent ou « ganivelles » qui visent à piéger le sable dans des enceintes faites de bâtons de bois. Des solutions à mi-chemin entre ces deux approches, misant sur l’innovation, sont également expérimentées telles que les boudins géotextiles installés au large et destinés à amortir la houle
  • Dans certains cas lorsque le processus d’érosion est rapide, une recomposition du littoral est nécessaire, visant à réduire la vulnérabilité du territoire et réaménager les espaces menacés par les risques côtiers au-delà des mesures à court terme axés sur la « protection » des plages. Il peut s’agir d’adapter le bâti existant, de relocaliser certains biens ; cette stratégie peut passer par l’acquisition de biens par la puissance publique afin de prévoir leur démolition et la renaturation des sites à terme. Il s’agit également de limiter l’implantation de nouvelles constructions sur le littoral en anticipant le recul futur du trait de côte. La loi « climat et résilience » du 29 août 2021 propose aux collectivités littorales de nouveaux outils pour anticiper les phénomènes en menant ce type d’actions sur l’urbanisme et le foncier.

Plusieurs opérations ont déjà été réalisées en Occitanie. Des grands projets de réaménagement ont conduit à la restauration de cordons dunaires et au déplacement d’infrastructures routières comme à Sète (à partir de 2010) et à Carnon-Plage (à partir de 2014). Plus récemment, une renaturation du front de mer occupé par des enrochements et le recul d’emplacements de camping ont été réalisés sur la commune de Vias, commune sur laquelle l’Etablissement Public Foncier d’Occitanie accompagne par ailleurs la relocalisation d’un camping se trouvant en bord de mer.

Un tsunami en Méditerranée, est-ce possible ?

Contrairement à ce que l’on pourrait croire le risque tsunami existe bel et bien en Méditerranée puisque lors du siècle dernier, à l’échelle mondiale, 9% des tsunami s’y sont produits, ce qui est considérable compte tenu de la petite taille du bassin Méditerranéen. Ce risque est principalement induit par les failles se trouvant entre les continents européen et africain. Des glissements de terrains sous-marins peuvent également en être à l’origine comme ce fut le cas à Nice en 1979 où un effondrement sous-marin produisit une vague de 3 mètres de hauteur emportant la vie de 11 personnes. Un effondrement volcanique est également possible, plusieurs volcans étant actifs autours de l’Italie. Récemment l’UNESCO a même évalué la probabilité qu’un tsunami touche les côtes Méditerranéennes d’ici 30 ans à 100% ! Bien entendu, l’ampleur des tsunamis d’origine sismique pouvant se produire en Méditerranée sont sans commune mesure avec les tsunamis observés dans le pacifique ayant atteint des hauteurs de 40 mètres. Sur les côtes méditerranéennes françaises les hauteurs d’eau attendues seraient plutôt de l’ordre de 1 à 5 mètres, ce qui est déjà considérable compte-tenu de la puissance du phénomène qui a la capacité d’avancer loin dans les terres, particulièrement sur les côtes sableuses plates que l’on retrouve en Occitanie.

Le centre national d’alerte aux tsunamis (CENALT), armé 24h/24 et 7j/7 par des spécialistes en analyse de données relatives aux séismes et aux tsunamis, a pour objectif de diffuser un message d’alerte aux autorités dans les 15 minutes suivant des événements sismiques laissant supposer un risque de tsunami.

(source DREAL direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement/Occitanie - CYPRÉS)