Réglementation sur le bruit et généralités sur les niveaux sonores

Dans les enquêtes d’opinion, le bruit vient parmi les premières nuisances citées par les français. Celui des transports est fortement ressenti.

Réglementation

La loi sur le bruit du 31 décembre 1992 a mis l’accent sur la protection des riverains des infrastructures de transports et a introduit de nouveaux dispositifs réglementaires :

  • Les maîtres d’ouvrage d’infrastructures doivent prendre en compte les nuisances sonores dans la construction des voies nouvelles et la modification des voies existantes, et s’engager à ne pas dépasser certaines valeurs limites de niveau sonore (article 12 de la loi sur le bruit, décret 95-22 du 9 janvier 1995, arrêté du 5 mai 1995 pour les infrastructures routières, arrêté du 8 novembre 1999 pour les infrastructures ferroviaires).
  • Les constructeurs de bâtiments, quant à eux, ont l’obligation de prendre en compte le bruit engendré par les voies bruyantes existantes ou en projet, en dotant leur construction d’un isolement acoustique adapté par rapport aux bruits de l’espace extérieur (article 13 de la loi sur le bruit).
    Sur ce point, c’est le rôle du classement sonore des infrastructures de transports terrestres que de classer les voiries routières et les voies ferrées en fonction des niveaux sonores qu’elles engendrent, et de définir à leurs abords les secteurs où les bâtiments nouveaux pourront devoir présenter une isolation particulière contre le bruit.
  • Pour les infrastructures existantes, la loi sur le bruit introduit la résorption des points noirs du bruit (PNB) des réseaux routier et ferroviaire (article 15).
    Ce point a notamment été complété par les circulaires des 12 juin 2001 et 25 mai 2004 qui prévoient la mise en place d’un observatoire du bruit des infrastructures de transports terrestres dans chaque département. 
  • Plus récemment, la directive européenne sur le bruit dans l’environnement est venue compléter ce dispositif réglementaire en rendant obligatoire la réalisation de cartes de bruit stratégiques le long des grandes infrastructures routières et ferroviaires.
    Ces cartes vont permettre de définir des zones de nuisances et des zones dites « calmes » le long de ces voies afin de mettre en place un plan d’actions pour chaque infrastructure, appelé plan de prévention du bruit dans l’environnement (PPBE).
    Ces mêmes dispositions sont applicables aux agglomérations de plus de 100 000 habitants (telle que l'agglomération perpignanaise), pour les bruits issus des infrastructures de transports (routiers, ferroviaires, aériens), mais aussi des industries.  

Généralités sur le bruit et rappels d'acoustique 

Échelle de quelques niveaux sonores courants 

Le tableau proposé ci-dessous donne l’échelle de quelques niveaux sonores courants.
Bien entendu, pour évaluer le danger représenté par un son pour l’oreille, il doit être relié à la durée d’exposition subie, à la distance à la source... Cependant, il présente l’intérêt de "donner une idée" des niveaux atteints.

130 - 140 dB Seuil intolérable
120 dB Réacteur d’avion à 10 m
110 dB Atelier de chaudronnerie
100 dB Marteau-piqueur à 2 m
  90 dB Atelier de tissage
  80 dB Rue très bruyante avec circulation automobile forte
  60 dB Conversation vive
  50 dB Musique douce
  40 dB Conversation normale
  30 dB Résidence tranquille
  20 dB Studio d’enregistrement
  10 dB Laboratoire d’acoustique
    5 dB Chambre muette

La sonie

La sonie concerne la "force sonore" au sens physiologique (impression de force sonore).

La sensibilité de l’oreille est une variable de la fréquence ; ainsi, tandis qu’à 4000 Hz. une pression acoustique de moins de 2.10-5 Pa suffit à provoquer une sensation auditive, à 50 Hz, une pression de 2.10-2 Pa est nécessaire, soit 1000 fois plus.

De même, le seuil de douleur est variable en fonction des fréquences, selon une variation similaire avec des pentes bien moindres.

Il est ainsi possible de définir des courbes d’isosensation pour des niveaux sonores donnés à 1000 Hz appelés phones.
Il est par exemple observé que pour des fréquences allant de 1000 à 6000 Hz, les sons paraissent beaucoup plus forts, alors que les niveaux de pression acoustique sont égaux.

Le niveau sonore

L’oreille n’a pas la même sensibilité pour toutes les fréquences audibles : ainsi, un son de 50 dB et de fréquence 1000 Hz produit une sensation auditive plus forte qu’un son de 50 dB à la fréquence 100 Hz.

Pour tenir compte de cette particularité du système auditif, des filtres sont utilisée, qui pondèrent les niveaux en fonction des fréquences, à partir des courbes d’isosonie.

Plusieurs filtres sont utilisés, le plus commun étant le filtre A.Le nouveau niveau tenant compte de cette pondération est alors exprimé en dB(A). On obtient ainsi une grandeur physiologique pour le niveau sonore, et non plus seulement une grandeur physique.

L’importance de cette pondération est considérable. En effet, des bruits de très basses fréquences, qui peuvent atteindre plus de 140 dB dans un TGV entrant dans un tunnel, ne semblent pas dangereux pour l’audition (ce qui ne signifie pas qu’ils sont sans effet sur la santé).

De même, le "beat" (basse fréquence) émis par la grosse caisse d’une batterie, qui traverse les murs et est perçu par les voisins des discothèques n’est pas dangereux pour l’ouïe, malgré la gêne qu’il représente.

Le niveau de bruit global

L’énergie d’un son est proportionnelle à son niveau et à sa durée, de même que les dégâts d’une brûlure seront proportionnels à la durée d’exposition et à l’intensité du rayonnement.

Il faut donc prendre en compte ces deux paramètres. Pour cela, on définit un niveau de pression acoustique continu équivalent pondéré A, noté LAeq, qui tient compte de la durée d’exposition au bruit.

En effet, des sons impulsifs de fort niveau (130 dB) peuvent être tolérés sans dommage tandis que l’exposition prolongée à des niveaux dépassant 85 à 90 dB(A) mettent en danger l’audition. 

Le bruit et la santé

L’oreille est un mécanisme de précision relativement fragile et les déficiences auditives occasionnées par des traumatismes sonores sont des affections définitives que la médecine est impuissante à réparer. Il n’existe aujourd’hui aucune solution du problème a posteriori.

Le danger représenté par une exposition au bruit dépend de deux facteurs : le niveau sonore, et la durée d’exposition.

Cependant, les couples niveau sonore/durée d’exposition à risques sont mal connus aujourd’hui.

De plus, alors qu’une ambiance sonore de 85 dB(A) est dangereuse pour le système auditif, la sensation de douleur n’apparaît qu’à partir de 120 dB(A), ce qui laisse une vaste zone d’exposition à risque sans que l’organisme n’en soit alerté...