Les travaux de protection pour réduire le risque

Mis à jour le 03/09/2018

Généralités sur les travaux

Aménagements de protection

Les aménagements de protection contre les crues sont réalisés par les collectivités locales (communes ou regroupement de communes) ou les associations syndicales autorisées (ASA) et co-financés par le Département, l’État ou la Région, selon le cas. Ces travaux doivent respecter le cadre de la loi sur l’Eau du 3 janvier 1992 et sont soumis parfois à autorisation préfectorale

Les travaux se sont concentrés sur la plaine du Roussillon, la plus exposée en raison, d’une part de la configuration de la plaine traversée par de nombreux cours d’eau de caractéristiques méditerranéennes, et d’autre part de la densité de l’occupation de l’espace (zones urbaines, artisanales et exploitations agricoles).

Photographie de travaux

Ces travaux permettent de faire face aux crues les plus fréquentes, mais restent inefficaces lors d’évènements majeurs. De plus, ils génèrent parfois un risque qui n’existait pas auparavant : risque de rupture des barrages, risque de brèches dans les digues, aggravation du problème du ruissellement ... Par exemple, en augmentant la capacité d’écoulement, la submersion d’une zone est limitée mais la vitesse de l’eau est accrue, l’érosion des berges est favorisée ainsi que le transport de matériaux . Des dégâts plus importants peuvent en découler

Il est donc nécessaire que les aménagements soient étudiés de manière globale, à l’échelle d’un bassin versant en tenant compte en particulier des conséquences qu’ils peuvent avoir sur l’aval.

Les aménagements perturbent aussi le milieu naturel. Certains sont très pénalisants, comme le recalibrage ou l’endiguement qui modifient fortement la rivière. Ils ont tendance à rendre le cours d’eau uniforme : tracé rectiligne, profil large et peu profond ... La flore et les abris pour la faune (frayères) sont détruits, les écarts de température de l’eau sont plus importants, ce qui limite la diversité biologique notamment.

La restauration de la ripisylve (végétation bordant un cours d’eau) ou l’entretien régulier des cours d’eau sont moins traumatisants.

Néanmoins, la préservation de vies humaines et des zones habitées constituent la priorité en matière de protection contre les inondations. Un équilibre doit être recherché entre aménagements contre les inondations et prise en compte de leurs effets sur le milieu naturel.

Différents travaux réalisés sur les cours d’eau et leurs conséquences

1 - Améliorer l’écoulement de l’eau 

 – L’entretien des cours d’eau

Photographie de travaux

 Les dommages causés par les crues confirment l’intérêt d’un entretien régulier. Si le lit est encombré ou si la ripisylve comporte des arbres instables, des embâcles (amas de débris emportés par l’eau) risquent de se former en cas de crue au niveau des ouvrages de franchissement, comme les ponts par exemple, aggravant l’inondation des terres riveraines, détériorant les ouvrages (voies ferrées, ponts ...) , favorisant l’érosion des terres et entraînant des pollutions visuelles ou écologiques.

 Types de techniques :

  •  L’essartage : l’enlèvement de la végétation présente dans le lit mineur
  •  Le faucardage : la fauche de la végétation aquatique ou semi aquatique
  •  L’enlèvement des embâcles : l’enlèvement des arbres morts ou instables

L’entretien est la méthode la plus favorable pour le milieu naturel car il permet à la rivière de conserver ses caractéristiques naturelles.

Il atteint ses limites lorsqu’il conduit à une diminution excessive de la ripisylve qui peut avoir des conséquences graves : érosion des berges, accélération des vitesses d’écoulement et donc des débits de pointe ...

Il convient de signaler l’importance de l’entretien des cours d’eau, réalisé dans les Pyrénées-Orientales, entre autre par les associations syndicales et par quelques syndicats intercommunaux qui ont presque totalement financé cet entretien jusqu’en 1994 et le service de restauration en montagne-direction départementale de l’agriculture et de la forêt (Srtm-ddaf) de 1990 à 1998 aussi bien dans les hauts bassins qu’en traversée urbaine. Par la suite, de nombreuses opérations ont pu être financées par le plan Barnier, prévoyant des aides sur 10 ans pour rattraper les retards ayant pu être pris.
 
– Les terrassements

Il s’agit essentiellement des travaux de recalibrage qui consistent à augmenter la section hydraulique du lit mineur pour améliorer sa capacité hydraulique.

Ces travaux ne sont aujourd’hui réalisés qu’en cas de fort risque pour les enjeux et lorsqu’ils présentent un des meilleurs niveaux de protection.

Pour illustrer cette partie, on peut citer l’exemple de la Basse à Perpignan. :

Jusqu’à ce que des travaux soient entrepris, cette rivière avait tendance à inonder Perpignan (1915, 1932 et 1940 où elle connut sa plus forte crue). A partir des années 60, on commença à la canaliser : les deux rives ont été dégagées et aménagées au niveau des quais. Son lit a été cuvelé et bétonné. Puis, en 1976, un chenal de dérivation des très hautes eaux de la Basse et de son affluent (le Ganganeil) a été réalisé vers la Têt. Ils ont permis d’éviter de nombreuses submersions de Perpignan, même s’ils ont aussi entraîné une "stérilisation" du milieu (plus de poissons, de plantes aquatiques...). Mais Perpignan étant une zone très sensible, ces travaux étaient indispensables.
 
– L’assainissement pluvial

L’urbanisation florissante des villes a conduit à l’augmentation du risque d’inondation et à la réduction de l’alimentation des nappes souterraines. De plus, elle a bien souvent entrainé une saturation des réseaux d'assainissements pluviaux existants. De ce fait, des travaux peuvent être nécessaires afin d'améliorer la gestion des eaux de pluie. Sur la base d'études d’ensemble à l’échelle communale ou intercommunale, ces travaux peuvent se baser sur des techniques traditionnelles (réseaux de tuyaux souterrains) comme sur des techniques alternatives. Ces dernières sont à privilégier et ont pour objectifs, d’une part, l’épuration des eaux et la régulation des débits dans les réseaux (par rétention) et d’autre part, la réduction des volumes s’écoulant vers l’aval (par infiltration). Les plus courantes d'entre elles sont présentées dans le tableau des techniques alternatives de gestion des eaux pluviales.

2 - Écrêter les crues

 – Des zones d’expansion des crues ou bien des bassins de rétention réalisés à proximité d’un cours d’eau permettent « d’écréter les crues » 

Photographie d'un bassin de rétention

 
En effet , ces aménagements stockent une partie de l’eau jusqu’à la décrue , diminuant ainsi le débit s’écoulant dans le cours d’eau.

 – Les Barrages : il existe 7 barrages dans les PO dont 2 ont vocation à écréter les crues (le barrage de Vinça sur la Têt et le barrage de l’Agly) – Voir risque technologique - rupture de barrage

3 -Protéger localement 

 Les ouvrages de protection sont en général dimensionnés pour une crue de référence (décennale, centennale...) :

LES DIGUES

– La protection est assurée localement par des DIGUES sur de petites sections où les enjeux sont importants . Les digues permettent de rehausser les rives et d’empêcher l’érosion des berges .
 

Une digue à Amélie-Les-Bains

Le département, plus particulièrement depuis l’aïgat de 1940, a cherché à se protéger des crues sur la plaine.

Cette lutte a été commandée dès 1338 par une ordonnance des Rois de Majorque qui instituèrent la servitude des bois-taillis (plantation d’arbres dans le lit majeur pour freiner la vitesse des eaux pendant les crues).

D’âge et de conception différente, les digues ont été réalisées principalement en plaine, pour éviter les inondations trop fréquentes et permettre le développement de l’urbanisation.

Le terme de digue ne concerne ni les levées de terre ponctuelles d’origine agricole, ni celles de plus de 50 ans, discontinues et recouvertes par la végétation. 

On distingue 3 types de digues  :

  •  les ouvrages publics construits par les collectivités locales ou les regroupements. Ils sont en général gérés par une commune ou syndicat de communes
  •  les ouvrages routiers et les voies sur berge de la Têt : les routes construites en remblai constituent un obstacle à l’écoulement de l’eau. Elles ne sont pas pour autant des digues de protection des lieux habités à part entière.
  •  Les digues privées construites ou gérées par des associations de riverains (ASA)

Les digues ont deux impacts majeurs sur les inondations : elles évitent les inondations fréquentes d’intensité moyenne et diminuent l’importance et la durée des inondations (expansion et hauteur des submersions)

Ces ouvrages nécessitent une remise en état après de grosses crues (érosion de berges, fissures, intra et sous ouvrage , déstabilisation du cors des digues suite à vidange rapide, sapement des pieds de talus ). Ces désordres montrent que la protection qu’offre les digues est relative face à des évènements exceptionnels et qu’un entretien et une surveillance accrue sont nécessaires. Pour en savoir + : http://www.cepri.net/fr/11/Digues.html

L’intérêt de digues vis à vis de la prévention des inondations doit donc être relativisé en fonction de leur état de vétusté, leur mode de gestion et d’entretien et de leur discontinuité.

Recensement des digues des Pyrénées-Orientales :

  •  digues sur l’Agly
  •  digues sur le Boules
  •  digues sur la Coumelade
  •  digues sur le Lanoux
  •  digues sur la Massane et l’Agouille d’en Salières
  •  digues sur le Réart
  •  digues sur la Têt autour de la RN 116 entre Bouleternère et Perpignan
  •  digues sur la Têt rive droite amont
  •  digues sur la Têt rive droite aval
  •  digues sur la Têt rive gauche
  •  digues sur le Riuferrer
  •  digues sur le Tech
  •  digues sur la Rome
  •  digues sur le Tanyari
  •  digues sur la Riberette
  •  digues sur l’Adou
  •  digues sur l’Agouille de la Mar
  •  digues sur la Baillaury
  •  digues sur le Castelnou
  •  digues sur le Ribeyral 
     

LES OUVRAGES DE DÉRIVATION

La protection peut se faire également par des ouvrages de dérivation , pour éviter l’inondation de secteurs habités . On citera en particulier l’ouvrage de la Basse et du Ganganeil , le long de l’autoroute, réalisé dans années 1975 , qui protège Perpignan d’inondations autrefois fréquentes et graves. Cinq inondations graves du centre ont pu être évitées en 25 ans.
 Ces ouvrages, soumis à des vitesses élevées, nécessitent une remise en état après de grosses crues (érosion de berges, maçonnerie...). Ils sont en général dimensionnés pour une "crue de référence" (soit décennale, soit centennale...).

L’aménagement hydraulique de la plaine du Roussillon a permis la réalisation de drainage et d’évacuation des crues qui limitent les submersions annuelles que connaissaient ces terres de façon naturelle et parfois sur de longues périodes.

4 - Limiter les érosions

 – Les enrochements : Ils sont posés ou fixés le long des berges particulièrement soumises à l’érosion. Cette méthode est couramment utilisée dans les zones urbanisées.

– Les techniques végétales : utilisation de plantes pour stabiliser les berges

– Le reboisement : Dans les PO, l’essentiel a été réalisé après l’AIGAT de 1940. Ces actions ont concerné les reboisements plus ou moins généralisés de versants , en parallèle avec de petits ouvrages de correction torrentielle et de stabilisation , destinés à lutter contre l ’érosion, de réduire la vitesse des eaux torrentielles et sert quelquefois de paravalanche dans les zones à risque.

– Les palplanches : pieux enfoncés le long des berges pour empêcher l’érosion

Quelques travaux réalisés dans les Pyrénées-Orientales

Les fleuves (Agly, Têt, Tech, Réart) et de nombreux affluents (Basse, Castelnou, Boulès …) ont été totalement ou partiellement calibrés, enrochés et endigués, permettant d’évacuer des débits plus importants plus rapidement vers la mer.

Parfois des dérivations ont permis de protéger des zones à enjeux (dérivations du Réart à St-Nazaire, de la Riberette à Argelès, de la Basse à Perpignan). Des barrages écrêteurs de crue ont été également construits sur l’Agly et sur la Têt.

 En montagne, on peut citer :

  •  des travaux de corrections torrentielles en forêts domaniales des hauts bassins et par des reboisements (Vallespir, Canigou et Conflent depuis 19ème siècle, entretenus et développés aujourd’hui ) ;
  •  des travaux de recalibrage, enrochement ou endiguements dans les traversées urbaines des collectivités (Saillagouse, Osseja, Palau de Cerdagne, Porté, Formiguères, Amélie, Sorède, Vernet…)

Des études sont en cours de réalisation pour compléter les dispositifs existants : sur le Boulés (prévue par le Conseil général), sur le Réart, l’Agly, le Verdouble (syndicats de communes), sur le Tanyari, la Riberette et la Basse (bassin du Tech), Le Tech, Riuferrer, Sorede … dans le cadre du plan « Bachelot ».